PROPOSITIONS DE REFORME DE LA FISCALITE
MINIERE
Dans le
cadre du projet de reforme du code minier, sur le plan fiscal, nous
proposons la mise en place d’une
fiscalité minière de développement durable (FMDD)
Cette
Fiscalité minière de développement durable signifie, une fiscalité minière
dont l’objectif principal et majeure
sera le développement du Congo et du peuple Congolais. C'est-à-dire une
fiscalité minière qui va :
-
permettre
à l’activité minière de devenir la locomotive des activités économiques de
façon à ce que l’activité tire vers le haut, les autres secteurs d’activités
économiques.
-
Permettre à ce que le peuple Congolais puisse
enfin bénéficier des retombées de
l’activité minière du point de vue social et économique.
La fiscalité minière de développement
durable signifie également que la reforme envisagée et la fiscalité minière qui
sera mise en place doit être durable dans le temps, à savoir une fiscalité minière pérenne.
Quelques
pistes de reforme (non exhaustives) en matière de la fiscalité minière que nous
préconisons :
1- REVISION DU PERIMETRE DES BENEFICIAIRES
DU CODE MIINIER.
La
première proposition de reforme que nous proposons vise la modification du
périmètre des bénéficiaires du code minier.
En
effet, selon le code minier actuel, les personnes qui bénéficient des
dispositifs du code minier sont : les sociétés minières, les filiales et
sous traitants de ces sociétés, pour la partie de leur chiffre d’affaire qui
sont concernées par les activités
minières.
Le
problème que pose cette délimitation
concerne la capacité de déterminer « la partie affectée ou non aux
activités minières. », car
plusieurs sous traitants ou sociétés filiales peuvent aisément affecter la totalité de leur chiffre
d’affaires aux activités minières, et bénéficier ainsi des dispositifs
avantageux du code minier.
Exemple :
une
société de sous-traitance, qui est amenée à intervenir ponctuellement dans une exploitation minière pour régler
quelques problèmes ponctuels d’électricité
dans le cadre d’un contrat de sous-traitance tel que défini par le code minier,
et bien cette entreprise bénéficie automatiquement des avantages du code
minier.
Il nous
semble que cette situation n’est pas normale.
Car pour
les autres entreprises d’électricité qui n’ont pas des clients qui exercent dans le secteur minier, ces
sociétés se trouvent pénaliser, et défavoriser du point de vue fiscal. Car le
fait que leurs concurrents qui ont des clients dans le secteur minier ont une
fiscalité allégée par rapport aux
sociétés du même type mais qui n’ont pas des clients qui sont implantées dans
le secteur minier.
Il est
évident que cette situation crée un
manque à gagner important pour les caisses de l’état.
Ainsi,
il conviendrait de supprimer simplement
cette extension aux filiales qui n’auront pas plus de 80% de leur chiffre
d’affaires en provenance des activités
minières.
Concernant
les sous-traitants, il conviendrait de supprimer le bénéfice au code minier
pour ceux qui n’auront pas réellement une activité minière.
2- RECONCIDERATION DU METHODE DE CALCUL DE
L’IMPOT PROFESSIONNEL SUR LES REVENUS (IPR) (IMPOT SUR LES BENEFICES)
La deuxième proposition porte sur la méthode de calcul de l’impôt sur
les bénéfices.
En effet, la plupart des sociétés minières qui exercent en RDC sont
toujours déficitaires, et ne réalisent pas des bénéfices, par conséquent ne
payent pas l’impôt sur les bénéfices.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce résultat négatif que dégagent ces
sociétés. Les éléments les plus pertinents et non exhaustifs qui permettent à
ces sociétés d’être déficitaires sont :
a-
Le
chiffre d’affaires. 96 % des sociétés minières vendent leurs productions à
l’étranger. et déclarent par la suite à l’administration fiscale, le prix de
vente des matières premières minérales (principe fiscal : déclaration du
chiffre d’affaires).
Par ce système, l’administration
fiscale se trouve complètement désarmé pour valider ou non le prix de vente tel
que déclarer par la société minière, car elle ne dispose pas assez d’éléments
pour vérifier la véracité des déclarations de la société minière.
Pour palier à ce problème de vérification
des déclarations réelles des chiffres déclarées par la société minière, il convient de mettre en place dans chaque
société minière, 3 types de conteneurs.
Le premier peut avoir la capacité de contenir par exemple 100 tonnes de
matières premières minérales, le deuxième peut avoir la capacité de contenir
par exemple 50 tonnes de matières première minérale et le troisième peut avoir
la capacité de contenir par exemple 10 tonnes de matière première minérale.
Et pour éviter la confusion qui
peut survenir sur le type des matières premières minérales contenu dans les
conteneurs, il conviendrait de spécifier les couleurs particulières qui correspondront
à chaque matière première minérale.
Ainsi, à la frontière, lors de
l’exportation des matières premières minérale, chaque service qui intervient à
la frontière, pourra identifier sans s’approcher, que tel conteneur à telle
taille donc le poids est de….ensuite puisqu’il s’agit de telle couleur, il
s’agit donc de tel type de matière première minérale.
Ces informations ainsi
recueilli facilement et rapidement
pourront permettre aux administrations concernées, de faire des recoupements à partir des
déclarations du chiffre d’affaires de l’operateur économique.
Exemple :
On pourra donner aux conteneurs
de cuivre, la couleur jaune, le bleu pour le cobalt, le rouge pour le
manganèse….
Le conteneur A : peut
contenir par exemple 100 tonnes, et le conteneur B : peut contenir 50
tonnes et le conteneur C : peut contenir 10 tonnes
Ainsi en face d’un conteneur de
type A et de couleur jaune, on pourra savoir directement qu’on est en face 100
tonnes de cuivre.
Cette classification pourra résoudre
le problème de fausses déclarations de prix de vente que déclarent les
entreprises minières, car dans les documents douaniers de sortie du territoire,
on pourra connaitre aisément qu’à telle date tant de tonnes de telle matière première
minérale de telle société étaient sorti. Ainsi, l’administration fiscale pourra
déterminer aisément le prix de vente déclaré
par la société minière.
b- Une fois
régler le problème de l’identification de la quantité des matières premières minérales,
le deuxième problème est celui du prix
de vente réel de ces matières premières
minérale afin de reconstituer le chiffre d’affaires.
Pour éviter les déclarations de
chiffre d’affaires aléatoires, il
conviendrait de mettre en place une commission spécifique qui établira tous les
15 jours, le prix de vente moyens des 30 derniers jours. Et ca sera ce taux
moyen qui sera appliqué à la matière première minérale à sa sortie du pays, et
c’est ce prix qui sera considéré pour la constitution du chiffre d’affaires de
la société minière concernée.
c-
La prise
en compte de certaines charges
Le bénéfice de l’entreprise est
calculé en faisant la différence entre le chiffre d’affaires et les charges que
l’entreprise a supporté au cours de l’exercice. Pour payer moins d’impôts, les
entreprises minières augmentent des charges qui souvent ne devraient pas être considérées
comme charges déductibles du chiffre d’affaires.
-
Pour parer à cette situation, il convient
d’empêcher les transferts des bénéfices, et lesdits transferts se font souvent par les conventions intragroupes, les
emprunts, et par diverses charges, notamment les contrats d’assistance, qui
peuvent revêtir plusieurs formes, management, assistance technique…
-
Le nouveau code minier devra mettre
des « gardes fous » de sorte que les charges générées par des
contrats intra groupes, ne pourront être déductibles du chiffre d’affaires
seulement si aucune entreprise de la place ne peut fournir le service demandé
au prix et conditions similaires au contrat signé.
-
Au cas où le principe de la déductibilité
serait acquis, dans ce cas, il faudra
mette en place une retenue à la source de l’ordre de 25% sur le montant à payer.
-
Concernant les taux d’intérêts, ces dernies
ne doivent être déductibles que pour la partie des intérêts qui excédent le
taux applicable par la Banque Centrale.
C à d la partie des intérêts qui excédent les taux directeur de la Banque Centrale ne sera pas déductibles du chiffre
d’affaires.
3- REVALORISATION DU TAUX DU FORFAIT APPLICABLE POUR LES PETITES MINES
Tel qu’il a été examiné ci
haut, les petites mines bénéficient d’un système fiscal particulier, et le taux
de l’impôt sur les bénéfices est de 10% au lieu de 30% pour le régime minier
général alors que celui ci s’élève à 40% pour le régime fiscal général de droit
commun.
Cette situation est d’autant plus grave dans la mesure où le régime des
petites mines exonère les entreprises qui en bénéficient de payement d’autres
taxes.
Dans le cadre de la reforme à intervenir, il conviendrait donc de reformer complètement le système d’imposition
des petites mines, d’abord en augmentant
le taux de l’impôt à 20% et ensuite,
il faudra supprimer le système d’exonération de toutes les taxes
qui s’appliquent à l’exploitation minière à petite échelle.
4- UN NOUVEL ENCADREMENT FISCAL DU SECTEUR
MINIER ARTISANAL
Le code minier actuel ne traite pas avec abondance le secteur minier
artisanal.
Ce secteur pose actuellement
plusieurs problèmes. Du point de vue fiscal, les retombées fiscales sont
insignifiantes, la fraude et l’évasion fiscale s’effectuent normalement.
Pour pallier à cette situation, il conviendrait de mettre en place une
sorte de marché réglementé pour les acteurs de l’activité minière artisanale.
Ainsi donc, aucune transaction minière artisanale ne devrait
s’effectuer en dehors de ce marché réglementé.
L’objectif poursuivi dans ce
système est triple :
-
Premier objectif : identifié les
acteurs, en effet, puisque tous les acteurs vont se retrouver dans un seul lieu
pour réaliser les opérations, donc, on pourra les identifiés facilement.
-
Deuxième objectif, connaitre toutes les
transactions dans le domaine de l’exploitation minière artisanale, cette
opération permettra de mettre en place un système de traçabilité.
-
Troisième objectif, imposé les acteurs
chacun suivant son niveau d’intervention, en effet, le fait d’identifié tous les acteurs qui œuvrent
dans le secteur, et le fait de connaitre toutes les transactions réalisées,
cela permettra d’imposer facilement mes acteurs.
Une meilleure identification des acteurs, permet une meilleure
imposition du secteur, et un meilleur rendement de l’impôt.
5- NOUVEAU DISPOSITIF D’ENCADREMENT, DE LA
GESTION, DU CONTROLE ET DE SUIVI DE LA FISCALITE MINIERE DE DEVELOPPEMENT
DURABLE.
Tel qu’il a été indiqué ci haut, le secteur minier apporte à peine 10%
dans les recettes de l’état.
La réalité sur le terrain démontre que le système est complètement verrouillé de toute
part et empêche que les recettes réelles soient dirigées vers les caisses de
l’état.
Pour résoudre ce problème, nous préconisons la mise en place d’un
mécanisme d’encadrement du système de gestion, de contrôle et de suivi de la
fiscalité et parafiscalité minières.
Pour cela nous proposons trois
étapes : La première étape consistera à
déconnecter la fiscalité et la parafiscalité minières, dans le circuit
normal de procédure de gestion, de contrôle et de suivi des recettes minières.
Ensuite, Il faudra mette en place une commission ad hoc.qui sera
chargée de traiter directement avec les entreprises minières dans le but de
suivre tout les flux et mouvements financiers émanant de l’activité minière, et suivre l’évolution des recettes en
provenance des activités minières.
Enfin, il faudra recruter un cabinet de renommer international, qui
pourra procéder à des audits permanents sur les recettes minières, dans le but
de vérifier si tout fonctionne convenablement et que les recouvrements et les
procédures mises en place sont satisfaisantes.
Premièrement :
déconnecter les recettes fiscales et parafiscales du circuit normal.
Pour la maximation des recettes fiscales et parafiscales provenant des
activités minières, il conviendrait de
déconnecter tout le système
d’informations, de gestion et de procédure
fiscales en matière des activités minières du circuit normal de procédure
fiscale douanier. Cette déconnexion pourra se faire en vertu du principe selon
lequel l’activité minière est une activité qui relève du domaine éminent de l’état.
Ce qui signifie que cette activité devrait être traitée à part.
Dans ce cadre, il faudra mettre en place un compte tampon au ministère
de finances. Ce compte permettra à la commission ad hoc tel qu’il sera précisé ci-après,
de mettre en place, une gestion
dynamique des flux financiers de l’activité
minière, cette commission pourra gérer et faire des recoupements
nécessaires de perception, et vérifier au jour le jour des performances de
l’activité minière dans le budget de l’Etat.
Deuxièmement :
mise en place d’une commission ad hoc qui suivra les procédures de recouvrement et de taxation des activités minières
Dans le cadre de renforcement des capacités au niveau du recouvrement
des recettes fiscales et parafiscales liées à l’activité minière ; et dans
le souci de redynamiser, d’encadrer et de maximisation des recettes de
l’activité minière.
Il faudra créer une commission ad hoc, qui sera composée des
représentants de différentes régies qui
s’occupent de la matière.
Cette commission aura pour mission de recenser toutes les informations fiscales générales de
l’activité, suivre les procédures de recouvrement et de taxation, et gérer les
recettes et procéder au suivi de la trésorerie et des recouvrements.
Troisièmement :
mise en place d’un cabinet d’audit et de vérification permanent des procédures et des recettes minières.
En dehors de cette commission, il faudra mette en place un cabinet
indépendant qui pourra faire un travail parallèle de vérification et de
contrôle, une sorte d’audit indépendant qui pourra rendre des comptes aux
autorités, sur le fonctionnement et les disfonctionnements éventuels qu’ils
pourront constatés de sorte qu’il puisse y avoir contrôle dans les activités minières.
Ce système de contrôle permanent existe déjà et s’applique dans les
établissements financiers et dans des banques.
Il suffit juste de le transposer dans le secteur minier qui est à
l’origine de beaucoup de flux financiers.
Une fois ce dispositif mis en place, les recettes provenant des
activités minières pourront être boostées. Et ce sera bien pour tout le monde.
Jivet
NDELA Kubokoso
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