mercredi 12 décembre 2012

OUAGADOUGOU PROMIN 2012 EXPL MIN ET DEV COMMUNAUTAIRE CAS DE LA RDC



OUAGADOUGOU DECEMBRE 2012 : PROMIN 2012
L’EXPLOITATION MINIERE ET LE DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE : CAS DE LA RDC 

Le thème central de PROMIN 2012 C est «  l’exploitation minière et développement communautaire",
Ce thème évoque pour moi 3 pistes de réflexions à savoir 

-          Quel est l’impact de l’exploitation minière sur le développement local
-          Est-ce que l’exploitation minière arrive à assouvir  les attentes sociales des populations
-          Et l’état dans tout ca, quel est ou que devrait être son vrai rôle  dans l’exploitation minière

Dans tous les pays du monde, développe ou non développé, l’exploitation minière doit avoir  pour corollaire, le développement local, régional et national.
Ce développement local peut se réaliser de plusieurs façons, notamment, par  la construction des écoles, des hôpitaux, les routes,  des ponts…

Pour faire simple, on peut se demander tout simplement comment l’exploitation minière, pourrait elle faire bénéficier aux populations locales des retombées financières de cette activité, et comment est ce que cette activité pourrait  répondre aux attentes sociales de la population locale.
Le problème de  retombée financière des activités minières se pose actuellement en RDC, et elle se pose de façon pressante.

En effet  le code minier Congolais est dans un processus de révision.
En RDC,  dix années d’application du Code minier actuel, n’a pas permis le développement local,  elle n’a pas non plus  régler de problème sociaux tant espérer par la population locale, et enfin,  le rôle de l’état s’est vu amoindri au point  de le confiner au rôle de promotion minière.

Ainsi, face à cette décadence, la population de la RDC,  a commencé à faire attendre sa voix, et à commencer à revendiquer de plus en plus fort le bénéfice des retombées financières de l’activité minière.
Cette poussée de la société civile dans leur demande, n’est pas propre à la RDC, et beaucoup de pays miniers en voie de développement se retrouvent bien  dans cette  même situation.
Le code minier congolais fait partie de la troisième génération des reformes des codes miniers initiés par les organismes de Breton Wood

Il est rappelé que la première génération des codes miniers a été introduite au cours des années 80 et a été illustrée par le Ghana.

La seconde génération, celle des années 90 a été illustrée par la Guinée.

Et cette troisième génération date des années 2000, et concerne les pays tels que la Tanzanie, le Mali, et le Madagascar…

La particularité de cette troisième génération de code minier est que plusieurs efforts ont été réalisés dans le but d’encourager les investissements miniers.

Dans ce cadre, beaucoup de s avantages ont été accordés aux investisseurs, et malheureusement  très peu des avantages ont été octroyés au peuple congolais et plus spécifiquement à la population locale.
Ce code minier de la RDC a été conçut avec  l’appuie financier  des institutions  de Breton Wood, et par les technocrates de ces institutions. C’est ce  qui explique cette tendance à favoriser les investisseurs ou IDE (Investissement Direct Etranger).

10 ans après sa mise en application, les Congolais et particulièrement la population locale n’ont pas bénéficié des retombées financières et sociales attendus.
C’est ainsi, que  le verrou de 10 ans  prévu pour éviter  toute modification ayant été sauté, la société civile Congolaise s’est mobilisée comme un seul homme, et a décidé de participer activement à cette reforme en essayant de faire passer leur propositions.

Pour faire ces propositions, la société civile Congolaise a commencé par commander auprès de certains  experts, différentes analyses critiques  du code minier. Quatre secteur ont fait l’objet des études, il s’agit des aspects Juridique, environnemental,  Fiscal et de la vision.

Et j’ai eu donc l’honneur de traiter la question liée à la fiscalité.
Le temps est assez court pour évoquer les problèmes fiscaux que génèrent  le code minier Congolais.
Ces différentes études ont été débattues par la société civile au sein  de différentes sections  locales  et les amendements proposés par les cellules locales ont été portées et débattues  au cours  d’un atelier national ; et c’est cet atelier nationale  qui a mis en place un ensemble  des propositions dans ces quatre domaines, et ces propositions  ont été portées Officiellement  au gouvernement Congolais.
Que pouvons-nous dire de l’apport du travail de la société civile congolaise sur la révision du code minier par rapport à notre thème ?  

I-                   Concernant L’exploitation minière et le développement local et la réalisation des attentes sociales ;
Sur ce sujet, je rappelle d’abord que le code minier congolais comporte environ 344 articles et le règlement minier comporte  597 soit au total environ 941 articles. Sur ces 941 articles,  nous retrouvons un seul article qui traite du développement de la population locale. Il s’agit de  l’article 242. Cet article stipule :
« La redevance minière est versée par le titulaire du titre minier d’exploitation au Trésor public. Celui-ci se charge de  distribuer la recette de la redevance minière selon  la clé de répartition suivante: 60% resteront acquis au Gouvernement Central, 25 % sont versés sur un compte désigné par l’Administration de la Province où se trouve le projet et 15 % sur un compte désigné par la Ville ou le Territoire dans le ressort duquel s’opère l’exploitation. »

C’est l’alinéa deux de cet article qui est plus explicite :

: « Les fonds résultant de la répartition dont il est question à l’alinéa précédent, en faveur des entités administratives décentralisés sont affectés exclusivement à la réalisation des infrastructures de base d’intérêt communautaire ».
Le code minier et son règlement d’application restent totalement muets sur la situation sociale, la lutte contre la pauvreté, concernant les populations concernées par le projet minier.
Cette responsabilité qui jadis était imposée aux sociétés minières semble avoir été affectée aux autorités locales décentralisées.
Or, actuellement, en RDC, avec la politique de décentralisée tel qu’édictée  par la constitution de 2006,  la mise en place de ces entités territoriales décentralisées est tout à fait naissante et ne pourrait pas être opérationnelle avant plusieurs années.
Donc un seul article sur les 941 du code et règlement minier traite de la question du developpement communautaire.

Concernant le bien être de la population, et les aspects sociaux, là encore, le seul article du dispositif qui traite de cet aspect, est l’alinéas e) de l’article 452 du règlement minier qui traite des objectifs de l’élaboration du PGEP :
un des objectifs du PGEP est de «améliorer le bien être des populations locales en mettant en œuvre des programmes de développement économique et social, et en prévoyant l’indemnisation des populations en cas de déplacement de leur lieu d’habitation ».

À partir de ces éléments on peut considérer que tout est dit ou presque rien dit ca va de soit, sur le traitement en RDC du développement communautaire et des retombées sociales.
En résumé cette situation signifie :
Les entreprises minières développent leurs activités et une redevance est versée à l’autorité centrale qui va reverser  60 % au gouvernement central, 25% au gouvernement provincial et 15% à la ville ou se déroule projet.

Comme il ya a un processus de décentralisation en cours, et qui mettra du temps à se matérialisé sur le temps ;  et bien dans cette dynamique, le développement local n’est pas pour demain.
En bref, en RDC, la population locale ne bénéficie en rien ou  très subsidiairement des retombées financières de l’activité minière.

Face à cette situation, Plusieurs voix ont commencé à s’élever..
C’est dans cette dynamique de reforme du code minier que  la société civile en RDC s’est mobilisée comme un seul homme, et a fait des réunions par section, et finalement est arrivé à faire des propositions dans quatre domaines : Vision, Environnement, Juridique, Fiscalité.
Concernant le volet de retombées financières, j’ai eu l’honneur de présidé  la commission fiscalité de cet atelier national, et dans nos propositions, nous avons proposé entre autre, qu’on ajoute un article :
Article 279bis : Du Fond de développement local
Il est institué un Fond de développement local alimenté par un prélèvement de 0,3% des revenus net de la vente des produits miniers. Le titulaire est  tenu de verser ce montant directement dans un compte ouvert au profit des communautés affectées. Ledit fond sera géré dans le cadre de concertation entre l’administration locale, l’entreprise et les représentants de la communauté concernée.
Le Fond est destiné à la réalisation des infrastructures de base pour le développement durable de la communauté. Le Gouverneur de province est chargé de prendre les mesures de fonctionnement du fond.
Nous espérons donc que ces propositions pourront prospérer.
Le problème qui se pose dans cette affaire de développement de la communauté locale et des retombées sociales s’explique par  l’absence  pour ne pas dire,  l’inexistence de l’état dans cette situation.
En RDC, cette absence ou l’inexistence de l’état est tellement flagrante qu’on arrive à des situations de laxisme à outrance.
Alors comment se matérialise cette inexistence de l’état Congolais dans le cadre du code minier ?

II-                Promotion de l’état dans l’activité miniere
En RDC le code minier a relégué l’état congolais dans le rôle de la promotion de l’activité minière
Quand on voit aujourd’hui ce qui se passe aujourd’hui au Burkina, avec l’organisation de Promin, On ne peut que se  réjouir du rôle que l’état joue dans la promotion de l’activité minière dans ce pays.
Ce qui se passe en RDC est assez particulier car le code minier actuel n’a pas laissé à l’Etat beaucoup d’espace. Plusieurs articles de ce code, ainsi que l’organisation même de l’activité démontrent cet affaiblissement du rôle de l’état dans l’activité minière.

Le titre premier alinéas  I chapitre 2 al 1 du code minier indique :
: « Bien qu’assumant la mise en valeur des substances minérales par l’appel à l’initiative privée, l’Etat a essentiellement un rôle limité à la promotion et à la régulation du secteur minier »
Par cet article, l’état n’a pas vraiment un rôle majeur à jouer dans l’activité minière en RDC.
En plus de cet article, l’organisation même de l’activité poursuit cette action d’affaiblissement de l’état.

Plusieurs exemples  illustrent cet affaiblissement de l’Etat son nombreux.
-          La multiplication des acteurs et des percepteurs en dehors du trésor public
-          La multiplication des acteurs qui intervient dans la gestion et l’administration du code minier réduit sensiblement le rôle de l’Etat et l’efficacité du code. Pour cela, il suffit de compter le nombre des acteurs qui interviennent dans l’administration de cette activité.
-          L’introduction d’une cadence de renfermement des délais sans considération des réalités et des habitudes du pays et du terrain, pose un réel problème de la légitimité même de l’Etat.
-          L’exemple le plus frappant est celui de l’article 45 du décret du 26 mars 2003 portant
Confirmation de la réservation du gisement dont les droits miniers et des carrières sont soumis à l’appel d’offres.

Cet article stipule que « le ministre de mines transmet au Président de la république, un projet de décret portant confirmation de la réservation du gisement en cause ».
Si le Président ne signe pas le décret dans un délai de 30 jours, la confirmation de la réservation est réputée acquise ».
Dans la hiérarchie des normes, et dans les règles de protocole, il n’appartient pas à un ministre d’imposer son point de vue au Président de la République, qui est élu par le peuple, et  qui est le garant de la nation.
Si chaque ministre devait proposer son projet de décret au Président de la république pour signature, et que si celui ci n’est pas d’accord ou qu’il se trouve indisponible pendant le délai prescrit par la loi, et bien le décret proposé sera  réputé signé.
Ces exemples peuvent être multipliés, car plusieurs décisions peuvent être tacitement octroyées du fait de la non-réponse de l’autorité concernée.
Une telle situation peut s’avérer dangereuse si certains fonctionnaires mal intentionnés se livrent à la procédure « des dossiers égarés », dans ce cas plusieurs autorisations et permis seront délivrés sans vraie décision de l’autorité compétente.
A partir de ces exemples on voit que l’état est devenu tellement impuissant et ne fait sue  subit tout et il ne peut même pas assurer la promotion 

Conclusion
L’activité minière s’opère souvent dans des endroits où vivent des populations locales.
Ces dernières ont toute une histoire dans ces lieux.
Et très souvent, les sociétés minières quand elles arrivent, elles commencent par faire établir des expropriations accompagnées par des petits dédommagements, et les populations sont reléguées très loin des zones d’exploitation, et souvent ils sont obligés de reprendre leurs travaux des champs, souvent dans des zones peu fertile.
Ainsi,  ils les zones d’exploitation minières leurs sont interdites, alors qu’ils sont chez eux.
Face à une telle situation, les professionnels de l’activité minière doivent en prendre conscience, et doivent traiter ces situations humainement, avec des vrais projets pour permettre aux populations locales de bénéficier des retombées financières de l’exploitation minière.
Ce problème de développement local ne peut être un problème isolé, car le projet minier doit servir de « locomotive » pour tirer d’autres activités économiques  des pays producteurs des matières premières minérales. Et ce développement national ne peut commencer que par le développement local du lieu de production ;  par la suite, le développement pourra toucher les autres communautés environnante, les villes, les régions jusqu’au niveau nationale.
Il ne pourra y avoir développement national par la production de matière première minérale, si ce développement ne commence pas par le développement de la communauté locale.
Et pour atteindre cet objectif, les états producteurs des matières premières minérales doivent être réhabilités dans leurs rôles régaliennes, de puissances publiques et de prendre des  mesures intelligentes pour la mise en place de ce développement des communautés locales et booster l’aspect sociale de la communauté locale ce qui conduira au développement  du pays tout entier.
                                                                                  Jivet NDELA  KUBOKOSO
                                                                                            Docteur en Droit
                                                                                  Avocat au Barreau de Paris et en RDC.